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Les Danaïsa
Série Le Royaume d’Alguirnaram (2 / 3)
 
Désormais seule, Algana s’enfonce dans la grotte des sirènes à la recherche du prince Aaren, inconsciente des dangers qui l’y attendent.
Embarquée dans une aventure par-delà les mers et les dunes arides, elle va devoir retrouver les Danaïsa, les neuf filles-élues d’Hilaa, si elle veut pouvoir espérer se réapproprier sa vie, sauver Alguirnaram et peut-être même les Terres Connues tout entières.
Est-il possible de parer les coups sans perdre son humanité ?
Envie d’en découvrir encore plus ?
Extraits
Algana déballa alors la dague enveloppée dans son châle.
— Regardez, elle est tachée de sang.
Je l’avais perdue au cours de la Rendue des Hommages et elle a réapparu comme par enchantement dans mon oreiller. Je l’ai trouvée cette nuit. Je suis certaine que c’est l’arme avec laquelle l’agresseur m’a frappée dans mon rêve !
Elmirat baissa la tête vers la lame, puis la releva. Son regard transperça la jeune fille.
— Il n’y a aucune trace de sang sur cette dague, Algana, lui fit-il remarquer doucement.
Elle crut se noyer et tenta de remonter à l’air libre quand elle sentit quelque chose retenir sa jambe. En essayant de se dégager, ses mains tombèrent sur une algue gluante et molle. Prisonnière, Algana éprouvait la plus grande difficulté à s’en extraire. Elle commençait à suffoquer. Dans un dernier effort, elle réussit à défaire le plus gros des nœuds. Elle n’avait plus qu’à nager vers la surface pour que la plante partît d’elle même lorsque le lien se resserra brusquement. La jeune fille regarda vers le fond. Son cœur manqua un battement en découvrant l’immense bras qu’une pieuvre géante avait enroulé autour de sa jambe. À bout de forces, Algana s’évanouit avant d’avoir eu le temps de discerner les yeux brillants de la créature.
— Vos yeux sont voilés, mon enfant, et votre cœur ballotté entre deux eaux. Ne vous laissez pas submerger par vos émotions et amarrez votre barque aux chants clairs. Eux seuls vous seront salutaires !
— Je ne saisis pas. Que… qu’est-ce que cela signifie ?
Algana était de plus en plus perdue.
— Suivez le cœur et ses battements, suivez ses rayons, mais prenez garde à ceux qui voudraient s’en emparer. Il est précieux et nous n’en avons qu’un !
— Vous disiez que la princesse se portait mieux. Pardonnez mon indiscrétion, mais… comment dire ? Parmi les seigneurs et dames, l’on s’inquiète du fait qu’elle aurait perdu… on raconte qu’il y avait beaucoup de sang et…
Elle ignorait manifestement de quelle manière poser sa question sans provoquer la colère d’Algana. Il était toutefois trop tard : l’intéressée avait parfaitement compris et le regard qu’elle lui jeta se voulait aussi noir qu’une nuit au milieu de l’océan.
— Vous ferez savoir aux autres charognards que si Son Altesse portait en son sein un héritier, elle aurait bien évidemment transmis la bonne nouvelle à ses sujets. Quant au sang, je ne me rappelle pas avoir jamais vu une entorse se transformer en hémorragie !
Le chef-d’œuvre que la régente admirait quelques instants auparavant représentait Enora déchiquetant la poitrine d’un jeune berger. Cet être malfaisant à l’aspect changeant avait, dans les légendes alguirnaramaises, semé la terreur dans le royaume, du temps où les dragons peuplaient encore les cieux et les océans. Il avait fallu l’intervention de la Grande Déesse Mer elle-même, apparue sous les traits d’une paysanne, pour mettre fin au règne sanglant de la créature. La divinité protectrice d’Alguirnaram l’avait entraînée dans ses profondeurs abyssales, la faisant à jamais prisonnière de ses eaux.
— Cette femme est la réincarnation du démon, murmura Algana d’une voix sans timbre.
— Je ferai pendre cette garce qui te sert de garde si elle ose à nouveau tirer sur mes hommes ! avertit le dénommé Vanor.
— Elle n’abaissera son arc qu’une fois ces femmes libérées. Tu n’as aucun droit sur elles !
— Je suis fils de roi, j’ai tous les droits !
Algana se réveilla en sursaut. Son front dégoulinait de sueur froide. Elle s’étonna de ne pas ressentir l’atroce douleur de ses os. Ces derniers auraient dû être entièrement fracassés en atteignant l’eau. Elle comprit alors qu’elle se trouvait toujours dans la bibliothèque. Son esprit s’échappait peu à peu des épaisses couches de brouillard dans lequel il était.
Un cauchemar… Ce n’était qu’un cauchemar !
— Tu as croisé Margueritte !?
— Je suis désolée…
— Quand ? Que t’a-t-elle demandé ? Que lui as-tu répondu ? questionna prestement la jeune fille.
— Lorsque je suis sortie de ma chambre pour rejoindre les cuisines…
— Tu portais ma tunique.
— Non non ! J’avais mis votre dalmatique dans un panier.
— Elle l’a fouillé ? s’inquiéta Algana.
— Non, mais elle m’a scrutée ! Vous savez… avec ces yeux ! imita-t-elle le regard de la nourrice, plissé et de biais.
— Par Oda ! Hannah, ne me dis pas qu’elle te fait encore peur ? Pas à ton âge !
Sans attendre un instant de plus, Margueritte fit pivoter la jambe et, à l’aide d’un couteau aiguisé, entailla l’intérieur de haut en bas. Algana frémit. La nourrice tira ensuite délicatement sur le cuir. Sous le coup de la douleur, Hélénora se raidit et serra la main de sa sœur. La potelée servante s’empara des ciseaux et termina de couper la matière qui enfermait encore la peau pour enfin libérer le membre. Débarrassées de la botte, elles purent constater l’état de la cheville et du pied qui prenaient une teinte bleutée.
Une exclamation horrifiée s’échappa soudain de l’autre bout de la pièce : dame Ancolia portait un regard épouvanté sur l’héritière. Le reste du groupe se retourna et les médecins se précipitèrent.
— Qu’avez-vous fait, malheureuse !
Le cri d’Hélénora déchira l’air.
— Il faut l’aider !
— Comment ? Nous sommes trop loin ! s’étrangla Algana.
— Nous ne pouvons l’abandonner ! répliqua son aînée qui, prise d’une folle panique, s’apprêtait à se jeter à l’eau pour le sauver.
Sa sœur la retint de justesse. Cependant, la peur décuplait ses forces et elle éprouvait les plus grandes difficultés à la maîtriser. Elle appela Aoréna à la rescousse, mais cette dernière ne lui répondit pas. Ses yeux étaient clos et son front plissé : la prêtresse se trouvait manifestement en pleine méditation.
— Qu’attends-tu ? Aoréna ! hurla la benjamine qui s’était couchée sur Hélénora pour la maintenir immobile.
— L’ultime demeure de Vashabeli raconte l’histoire du seigneur Nihar, tombé follement amoureux d’une jeune fille à la peau aussi foncée que ses prunelles étaient claires, commença l’apprentie de Chantclair.
Venue des Mers Sombres, sa famille s’était installée en cette contrée pour y faire commerce. Alors qu’elle atteignait l’âge de femme, Vashabeli ne trouvait pas d’époux. Tous l’estimaient laide parce que dotée d’une beauté bien différente de celles des autres dames. Bien leur en fit. Le prince, lui, ne voyait en elle que la pureté de la fleur du lotus, surgissant des eaux boueuses du marais pour offrir ses pétales à la rosée du matin.
Algana contemplait, les yeux dans le vague, les tuniques et les châles qu’avait étalés sa sœur sur le lit. Hélénora ne pourrait pas les emmener tous, d’autant que ça ne servirait à rien : le climat des Terres Froides n’avait rien à voir avec celui, doux et chaud, d’Alguirnaram. Il lui faudrait une tout autre garde-robe une fois là-bas.
— Je ne te retiens pas, tu sais. Si ça t’ennuie tant de m’aider, tu peux t’en aller !
Silence.
— Algana ! Ohé ! Tu m’écoutes ?
— Quoi ? sursauta cette dernière. La rouge, prends la rouge !
— Il n’y en a aucune de rouge, soupira l’héritière.
Les jets de lumière continuaient de côtoyer la lune : jaunes, bleus, oranges, blancs. Le tableau qui s’animait sous le regard stupéfait des habitants consistait en une danse chatoyante et attirante, bien qu’inquiétante. Algana observait l’étrange ballet en se demandant par quels moyens les Holmessis étaient parvenus à éclairer la nuit.
Lorsque l’héritier du domaine la présenta à son père, ce dernier contint un cri d’effroi. En regardant Alinor, il revoyait le visage de la femme à qui il s’était secrètement uni avant de l’abandonner pour contracter un mariage plus avantageux. Il l’avait crue morte et voilà qu’elle réapparaissait, pareille à ses souvenirs, tel un fantôme !
L’entrée dans la cité de dame Sprecia se fit sans encombre, puisque dépourvue de portes et de gardes. Étrangeté typiquement méridionale qui en effraya plus d’un.
— Comment une ville aussi près des côtes peut-elle s’exposer ainsi ? s’étonna Vikhem.
— C’est qu’elle possède une protection naturelle, intervint la régente. Les courants violents et les rochers qui jalonnent les côtes la préservent des invasions ennemies.
— Et vous êtes bien placée pour le savoir, rétorqua le comte avec une telle audace qu’Algana en frémit.
— C’est vrai ! Nous avons maintes fois essayé d’accoster sur ces plages maudites sans jamais y parvenir, s’amusa Anémone, une lueur de défi dans les yeux. L’île de Tesnac est difficile d’accès.
Brigda, la première servante d’Hilaa, les attendait vêtue telle une reine sur la plus haute marche. Sa dalmatique, jaune au buste brodé de perles d’une même teinte, était la signature d’un grand artisan. Ses mains étaient aussi fournies de bagues et de bracelets que son cou et ses oreilles de perles. Seul son front était modestement paré d’un simple grain de rubis. Algana n’en croyait pas ses yeux ; Vanya elle-même n’avait pas affiché tant de richesses lors du mariage de sa sœur. C’était tout bonnement indécent !
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L’Éveil
À PROPOS DE L’AUTEURE
Crystal GRIBONVAL
Bercée par le monde merveilleux de l’imaginaire, Crystal grandit avec la saga Harry Potter ou encore La Quête d’Ewilan et ne cesse de développer son goût pour la fantasy.
Si ses études la mènent à aborder des univers littéraires très différents et à plonger avec passion dans l’Histoire de l’Art, ce n’est que pour mieux enrichir ses propres histoires !
L’HISTOIRE EN IMAGES
INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES
Une trilogie aux vibes de l’Assassin Royal et des films de MIYAZAKI
Collection : Corbeau d’albâtre
Nombre de pages : 580
Prix : 19,90 €
ISBN : 978-2-491909-10-9
Ce que vous trouverez dans ce livre :
  • Héroïque fantasy
  • Romance slow burn
  • Quête initiatique
  • Complots et Royauté
  • Esclavage
  • Rêves lucides
  • Divinités
  • Dragons
  • Pirates
Littérature de l'imaginaire. Couverture des "Danaïsa", le deuxième tome de la trilogie d'heroic fantasy francophone "Le Royaume d'Alguirnaram" écrite par Crystal GRIBONVAL et publiée chez Raven Éditions. On peut y voir Algana, l'héroïne, sur un bateau pirate en approche d'une tempête où deux dragons s'affrontent dans le ciel.
Les Danaïsa
Série Le Royaume d’Alguirnaram (2 / 3)
 
Désormais seule, Algana s’enfonce dans la grotte des sirènes à la recherche du prince Aaren, inconsciente des dangers qui l’y attendent.
Embarquée dans une aventure par-delà les mers et les dunes arides, elle va devoir retrouver les Danaïsa, les neuf filles-élues d’Hilaa, si elle veut pouvoir espérer se réapproprier sa vie, sauver Alguirnaram et peut-être même les Terres Connues tout entières.
Est-il possible de parer les coups sans perdre son humanité ?
Envie d’en découvrir encore plus ?
Extraits
Algana déballa alors la dague enveloppée dans son châle.
— Regardez, elle est tachée de sang.
Je l’avais perdue au cours de la Rendue des Hommages et elle a réapparu comme par enchantement dans mon oreiller. Je l’ai trouvée cette nuit. Je suis certaine que c’est l’arme avec laquelle l’agresseur m’a frappée dans mon rêve !
Elmirat baissa la tête vers la lame, puis la releva. Son regard transperça la jeune fille.
— Il n’y a aucune trace de sang sur cette dague, Algana, lui fit-il remarquer doucement.
Elle crut se noyer et tenta de remonter à l'air libre quand elle sentit quelque chose retenir sa jambe. En essayant de se dégager, ses mains tombèrent sur une algue gluante et molle. Prisonnière, Algana éprouvait la plus grande difficulté à s’en extraire. Elle commençait à suffoquer. Dans un dernier effort, elle réussit à défaire le plus gros des nœuds. Elle n’avait plus qu’à nager vers la surface pour que la plante partît d’elle même lorsque le lien se resserra brusquement. La jeune fille regarda vers le fond. Son cœur manqua un battement en découvrant l’immense bras qu’une pieuvre géante avait enroulé autour de sa jambe. À bout de forces, Algana s’évanouit avant d’avoir eu le temps de discerner les yeux brillants de la créature.
— Vos yeux sont voilés, mon enfant, et votre cœur ballotté entre deux eaux. Ne vous laissez pas submerger par vos émotions et amarrez votre barque aux chants clairs. Eux seuls vous seront salutaires !
— Je ne saisis pas. Que… qu’est-ce que cela signifie ?
Algana était de plus en plus perdue.
— Suivez le cœur et ses battements, suivez ses rayons, mais prenez garde à ceux qui voudraient s’en emparer. Il est précieux et nous n’en avons qu’un !
— Vous disiez que la princesse se portait mieux. Pardonnez mon indiscrétion, mais… comment dire ? Parmi les seigneurs et dames, l’on s’inquiète du fait qu’elle aurait perdu… on raconte qu’il y avait beaucoup de sang et…
Elle ignorait manifestement de quelle manière poser sa question sans provoquer la colère d’Algana. Il était toutefois trop tard : l’intéressée avait parfaitement compris et le regard qu’elle lui jeta se voulait aussi noir qu’une nuit au milieu de l’océan.
— Vous ferez savoir aux autres charognards que si Son Altesse portait en son sein un héritier, elle aurait bien évidemment transmis la bonne nouvelle à ses sujets. Quant au sang, je ne me rappelle pas avoir jamais vu une entorse se transformer en hémorragie !
Le chef-d’œuvre que la régente admirait quelques instants auparavant représentait Enora déchiquetant la poitrine d’un jeune berger. Cet être malfaisant à l’aspect changeant avait, dans les légendes alguirnaramaises, semé la terreur dans le royaume, du temps où les dragons peuplaient encore les cieux et les océans. Il avait fallu l’intervention de la Grande Déesse Mer elle-même, apparue sous les traits d’une paysanne, pour mettre fin au règne sanglant de la créature. La divinité protectrice d’Alguirnaram l’avait entraînée dans ses profondeurs abyssales, la faisant à jamais prisonnière de ses eaux.
— Cette femme est la réincarnation du démon, murmura Algana d’une voix sans timbre.
— Je ferai pendre cette garce qui te sert de garde si elle ose à nouveau tirer sur mes hommes ! avertit le dénommé Vanor.
— Elle n’abaissera son arc qu’une fois ces femmes libérées. Tu n’as aucun droit sur elles !
— Je suis fils de roi, j’ai tous les droits !
Algana se réveilla en sursaut. Son front dégoulinait de sueur froide. Elle s’étonna de ne pas ressentir l’atroce douleur de ses os. Ces derniers auraient dû être entièrement fracassés en atteignant l’eau. Elle comprit alors qu’elle se trouvait toujours dans la bibliothèque. Son esprit s’échappait peu à peu des épaisses couches de brouillard dans lequel il était.
Un cauchemar… Ce n’était qu’un cauchemar !
— Tu as croisé Margueritte !?
— Je suis désolée…
— Quand ? Que t’a-t-elle demandé ? Que lui as-tu répondu ? questionna prestement la jeune fille.
— Lorsque je suis sortie de ma chambre pour rejoindre les cuisines…
— Tu portais ma tunique.
— Non non ! J’avais mis votre dalmatique dans un panier.
— Elle l’a fouillé ? s’inquiéta Algana.
— Non, mais elle m’a scrutée ! Vous savez… avec ces yeux ! imita-t-elle le regard de la nourrice, plissé et de biais.
— Par Oda ! Hannah, ne me dis pas qu’elle te fait encore peur ? Pas à ton âge !
Sans attendre un instant de plus, Margueritte fit pivoter la jambe et, à l’aide d’un couteau aiguisé, entailla l’intérieur de haut en bas. Algana frémit. La nourrice tira ensuite délicatement sur le cuir. Sous le coup de la douleur, Hélénora se raidit et serra la main de sa sœur. La potelée servante s’empara des ciseaux et termina de couper la matière qui enfermait encore la peau pour enfin libérer le membre. Débarrassées de la botte, elles purent constater l’état de la cheville et du pied qui prenaient une teinte bleutée.
Une exclamation horrifiée s’échappa soudain de l’autre bout de la pièce : dame Ancolia portait un regard épouvanté sur l’héritière. Le reste du groupe se retourna et les médecins se précipitèrent.
— Qu’avez-vous fait, malheureuse !
Le cri d’Hélénora déchira l’air.
— Il faut l’aider !
— Comment ? Nous sommes trop loin ! s’étrangla Algana.
— Nous ne pouvons l’abandonner ! répliqua son aînée qui, prise d’une folle panique, s’apprêtait à se jeter à l’eau pour le sauver.
Sa sœur la retint de justesse. Cependant, la peur décuplait ses forces et elle éprouvait les plus grandes difficultés à la maîtriser. Elle appela Aoréna à la rescousse, mais cette dernière ne lui répondit pas. Ses yeux étaient clos et son front plissé : la prêtresse se trouvait manifestement en pleine méditation.
— Qu’attends-tu ? Aoréna ! hurla la benjamine qui s’était couchée sur Hélénora pour la maintenir immobile.
— L’ultime demeure de Vashabeli raconte l’histoire du seigneur Nihar, tombé follement amoureux d’une jeune fille à la peau aussi foncée que ses prunelles étaient claires, commença l’apprentie de Chantclair.
Venue des Mers Sombres, sa famille s’était installée en cette contrée pour y faire commerce. Alors qu’elle atteignait l’âge de femme, Vashabeli ne trouvait pas d’époux. Tous l’estimaient laide parce que dotée d’une beauté bien différente de celles des autres dames. Bien leur en fit. Le prince, lui, ne voyait en elle que la pureté de la fleur du lotus, surgissant des eaux boueuses du marais pour offrir ses pétales à la rosée du matin.
Algana contemplait, les yeux dans le vague, les tuniques et les châles qu’avait étalés sa sœur sur le lit. Hélénora ne pourrait pas les emmener tous, d’autant que ça ne servirait à rien : le climat des Terres Froides n’avait rien à voir avec celui, doux et chaud, d’Alguirnaram. Il lui faudrait une tout autre garde-robe une fois là-bas.
— Je ne te retiens pas, tu sais. Si ça t’ennuie tant de m’aider, tu peux t’en aller !
Silence.
— Algana ! Ohé ! Tu m’écoutes ?
— Quoi ? sursauta cette dernière. La rouge, prends la rouge !
— Il n’y en a aucune de rouge, soupira l’héritière.
Les jets de lumière continuaient de côtoyer la lune : jaunes, bleus, oranges, blancs. Le tableau qui s’animait sous le regard stupéfait des habitants consistait en une danse chatoyante et attirante, bien qu’inquiétante. Algana observait l’étrange ballet en se demandant par quels moyens les Holmessis étaient parvenus à éclairer la nuit.
Lorsque l’héritier du domaine la présenta à son père, ce dernier contint un cri d’effroi. En regardant Alinor, il revoyait le visage de la femme à qui il s’était secrètement uni avant de l’abandonner pour contracter un mariage plus avantageux. Il l’avait crue morte et voilà qu’elle réapparaissait, pareille à ses souvenirs, tel un fantôme !
L’entrée dans la cité de dame Sprecia se fit sans encombre, puisque dépourvue de portes et de gardes. Étrangeté typiquement méridionale qui en effraya plus d’un.
— Comment une ville aussi près des côtes peut-elle s’exposer ainsi ? s’étonna Vikhem.
— C’est qu’elle possède une protection naturelle, intervint la régente. Les courants violents et les rochers qui jalonnent les côtes la préservent des invasions ennemies.
— Et vous êtes bien placée pour le savoir, rétorqua le comte avec une telle audace qu’Algana en frémit.
— C’est vrai ! Nous avons maintes fois essayé d’accoster sur ces plages maudites sans jamais y parvenir, s’amusa Anémone, une lueur de défi dans les yeux. L’île de Tesnac est difficile d’accès.
Brigda, la première servante d’Hilaa, les attendait vêtue telle une reine sur la plus haute marche. Sa dalmatique, jaune au buste brodé de perles d’une même teinte, était la signature d’un grand artisan. Ses mains étaient aussi fournies de bagues et de bracelets que son cou et ses oreilles de perles. Seul son front était modestement paré d’un simple grain de rubis. Algana n’en croyait pas ses yeux ; Vanya elle-même n’avait pas affiché tant de richesses lors du mariage de sa sœur. C’était tout bonnement indécent !
À PROPOS DE L’AUTEURE
Crystal GRIBONVAL
Bercée par le monde merveilleux de l’imaginaire, Crystal grandit avec la saga Harry Potter ou encore La Quête d’Ewilan et ne cesse de développer son goût pour la fantasy.
Si ses études la mènent à aborder des univers littéraires très différents et à plonger avec passion dans l’Histoire de l’Art, ce n’est que pour mieux enrichir ses propres histoires !
L’HISTOIRE EN IMAGES
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Une trilogie aux vibes
de l’Assassin Royal
et des films de MIYAZAKI
Collection : Corbeau d’albâtre
Nombre de pages : 580
Prix : 19,90 €
ISBN : 978-2-491909-10-9
Ce que vous trouverez dans ce livre :
  • Héroïque fantasy
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Désormais seule, Algana s’enfonce dans la grotte des sirènes à la recherche du prince Aaren, inconsciente des dangers qui l’y attendent.
Embarquée dans une aventure par-delà les mers et les dunes arides, elle va devoir retrouver les Danaïsa, les neuf filles-élues d’Hilaa, si elle veut pouvoir espérer se réapproprier sa vie, sauver Alguirnaram et peut-être même les Terres Connues tout entières.
Est-il possible de parer les coups sans perdre son humanité ?
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Algana déballa alors la dague enveloppée dans son châle.
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Je l’avais perdue au cours de la Rendue des Hommages et elle a réapparu comme par enchantement dans mon oreiller. Je l’ai trouvée cette nuit. Je suis certaine que c’est l’arme avec laquelle l’agresseur m’a frappée dans mon rêve !
Elmirat baissa la tête vers la lame, puis la releva. Son regard transperça la jeune fille.
— Il n’y a aucune trace de sang sur cette dague, Algana, lui fit-il remarquer doucement.
Elle crut se noyer et tenta de remonter à l'air libre quand elle sentit quelque chose retenir sa jambe. En essayant de se dégager, ses mains tombèrent sur une algue gluante et molle. Prisonnière, Algana éprouvait la plus grande difficulté à s’en extraire. Elle commençait à suffoquer. Dans un dernier effort, elle réussit à défaire le plus gros des nœuds. Elle n’avait plus qu’à nager vers la surface pour que la plante partît d’elle même lorsque le lien se resserra brusquement. La jeune fille regarda vers le fond. Son cœur manqua un battement en découvrant l’immense bras qu’une pieuvre géante avait enroulé autour de sa jambe. À bout de forces, Algana s’évanouit avant d’avoir eu le temps de discerner les yeux brillants de la créature.
— Vos yeux sont voilés, mon enfant, et votre cœur ballotté entre deux eaux. Ne vous laissez pas submerger par vos émotions et amarrez votre barque aux chants clairs. Eux seuls vous seront salutaires !
— Je ne saisis pas. Que… qu’est-ce que cela signifie ?
Algana était de plus en plus perdue.
— Suivez le cœur et ses battements, suivez ses rayons, mais prenez garde à ceux qui voudraient s’en emparer. Il est précieux et nous n’en avons qu’un !
— Vous disiez que la princesse se portait mieux. Pardonnez mon indiscrétion, mais… comment dire ? Parmi les seigneurs et dames, l’on s’inquiète du fait qu’elle aurait perdu… on raconte qu’il y avait beaucoup de sang et…
Elle ignorait manifestement de quelle manière poser sa question sans provoquer la colère d’Algana. Il était toutefois trop tard : l’intéressée avait parfaitement compris et le regard qu’elle lui jeta se voulait aussi noir qu’une nuit au milieu de l’océan.
— Vous ferez savoir aux autres charognards que si Son Altesse portait en son sein un héritier, elle aurait bien évidemment transmis la bonne nouvelle à ses sujets. Quant au sang, je ne me rappelle pas avoir jamais vu une entorse se transformer en hémorragie !
Le chef-d’œuvre que la régente admirait quelques instants auparavant représentait Enora déchiquetant la poitrine d’un jeune berger. Cet être malfaisant à l’aspect changeant avait, dans les légendes alguirnaramaises, semé la terreur dans le royaume, du temps où les dragons peuplaient encore les cieux et les océans. Il avait fallu l’intervention de la Grande Déesse Mer elle-même, apparue sous les traits d’une paysanne, pour mettre fin au règne sanglant de la créature. La divinité protectrice d’Alguirnaram l’avait entraînée dans ses profondeurs abyssales, la faisant à jamais prisonnière de ses eaux.
— Cette femme est la réincarnation du démon, murmura Algana d’une voix sans timbre.
— Je ferai pendre cette garce qui te sert de garde si elle ose à nouveau tirer sur mes hommes ! avertit le dénommé Vanor.
— Elle n’abaissera son arc qu’une fois ces femmes libérées. Tu n’as aucun droit sur elles !
— Je suis fils de roi, j’ai tous les droits !
Algana se réveilla en sursaut. Son front dégoulinait de sueur froide. Elle s’étonna de ne pas ressentir l’atroce douleur de ses os. Ces derniers auraient dû être entièrement fracassés en atteignant l’eau. Elle comprit alors qu’elle se trouvait toujours dans la bibliothèque. Son esprit s’échappait peu à peu des épaisses couches de brouillard dans lequel il était.
Un cauchemar… Ce n’était qu’un cauchemar !
— Tu as croisé Margueritte !?
— Je suis désolée…
— Quand ? Que t’a-t-elle demandé ? Que lui as-tu répondu ? questionna prestement la jeune fille.
— Lorsque je suis sortie de ma chambre pour rejoindre les cuisines…
— Tu portais ma tunique.
— Non non ! J’avais mis votre dalmatique dans un panier.
— Elle l’a fouillé ? s’inquiéta Algana.
— Non, mais elle m’a scrutée ! Vous savez… avec ces yeux ! imita-t-elle le regard de la nourrice, plissé et de biais.
— Par Oda ! Hannah, ne me dis pas qu’elle te fait encore peur ? Pas à ton âge !
Sans attendre un instant de plus, Margueritte fit pivoter la jambe et, à l’aide d’un couteau aiguisé, entailla l’intérieur de haut en bas. Algana frémit. La nourrice tira ensuite délicatement sur le cuir. Sous le coup de la douleur, Hélénora se raidit et serra la main de sa sœur. La potelée servante s’empara des ciseaux et termina de couper la matière qui enfermait encore la peau pour enfin libérer le membre. Débarrassées de la botte, elles purent constater l’état de la cheville et du pied qui prenaient une teinte bleutée.
Une exclamation horrifiée s’échappa soudain de l’autre bout de la pièce : dame Ancolia portait un regard épouvanté sur l’héritière. Le reste du groupe se retourna et les médecins se précipitèrent.
— Qu’avez-vous fait, malheureuse !
Le cri d’Hélénora déchira l’air.
— Il faut l’aider !
— Comment ? Nous sommes trop loin ! s’étrangla Algana.
— Nous ne pouvons l’abandonner ! répliqua son aînée qui, prise d’une folle panique, s’apprêtait à se jeter à l’eau pour le sauver.
Sa sœur la retint de justesse. Cependant, la peur décuplait ses forces et elle éprouvait les plus grandes difficultés à la maîtriser. Elle appela Aoréna à la rescousse, mais cette dernière ne lui répondit pas. Ses yeux étaient clos et son front plissé : la prêtresse se trouvait manifestement en pleine méditation.
— Qu’attends-tu ? Aoréna ! hurla la benjamine qui s’était couchée sur Hélénora pour la maintenir immobile.
— L’ultime demeure de Vashabeli raconte l’histoire du seigneur Nihar, tombé follement amoureux d’une jeune fille à la peau aussi foncée que ses prunelles étaient claires, commença l’apprentie de Chantclair.
Venue des Mers Sombres, sa famille s’était installée en cette contrée pour y faire commerce. Alors qu’elle atteignait l’âge de femme, Vashabeli ne trouvait pas d’époux. Tous l’estimaient laide parce que dotée d’une beauté bien différente de celles des autres dames. Bien leur en fit. Le prince, lui, ne voyait en elle que la pureté de la fleur du lotus, surgissant des eaux boueuses du marais pour offrir ses pétales à la rosée du matin.
Algana contemplait, les yeux dans le vague, les tuniques et les châles qu’avait étalés sa sœur sur le lit. Hélénora ne pourrait pas les emmener tous, d’autant que ça ne servirait à rien : le climat des Terres Froides n’avait rien à voir avec celui, doux et chaud, d’Alguirnaram. Il lui faudrait une tout autre garde-robe une fois là-bas.
— Je ne te retiens pas, tu sais. Si ça t’ennuie tant de m’aider, tu peux t’en aller !
Silence.
— Algana ! Ohé ! Tu m’écoutes ?
— Quoi ? sursauta cette dernière. La rouge, prends la rouge !
— Il n’y en a aucune de rouge, soupira l’héritière.
Les jets de lumière continuaient de côtoyer la lune : jaunes, bleus, oranges, blancs. Le tableau qui s’animait sous le regard stupéfait des habitants consistait en une danse chatoyante et attirante, bien qu’inquiétante. Algana observait l’étrange ballet en se demandant par quels moyens les Holmessis étaient parvenus à éclairer la nuit.
Lorsque l’héritier du domaine la présenta à son père, ce dernier contint un cri d’effroi. En regardant Alinor, il revoyait le visage de la femme à qui il s’était secrètement uni avant de l’abandonner pour contracter un mariage plus avantageux. Il l’avait crue morte et voilà qu’elle réapparaissait, pareille à ses souvenirs, tel un fantôme !
L’entrée dans la cité de dame Sprecia se fit sans encombre, puisque dépourvue de portes et de gardes. Étrangeté typiquement méridionale qui en effraya plus d’un.
— Comment une ville aussi près des côtes peut-elle s’exposer ainsi ? s’étonna Vikhem.
— C’est qu’elle possède une protection naturelle, intervint la régente. Les courants violents et les rochers qui jalonnent les côtes la préservent des invasions ennemies.
— Et vous êtes bien placée pour le savoir, rétorqua le comte avec une telle audace qu’Algana en frémit.
— C’est vrai ! Nous avons maintes fois essayé d’accoster sur ces plages maudites sans jamais y parvenir, s’amusa Anémone, une lueur de défi dans les yeux. L’île de Tesnac est difficile d’accès.
Brigda, la première servante d’Hilaa, les attendait vêtue telle une reine sur la plus haute marche. Sa dalmatique, jaune au buste brodé de perles d’une même teinte, était la signature d’un grand artisan. Ses mains étaient aussi fournies de bagues et de bracelets que son cou et ses oreilles de perles. Seul son front était modestement paré d’un simple grain de rubis. Algana n’en croyait pas ses yeux ; Vanya elle-même n’avait pas affiché tant de richesses lors du mariage de sa sœur. C’était tout bonnement indécent !
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